En ce dernier dimanche du mois de Ramadan, nous allons effectuer, comme annoncé précédemment, un ultime détour au Marché central de la capitale auquel nous aurons consacré cette rubrique tout le long de ce mois. Et il le mérite bien, pour pasticher le slogan publicitaire mais pas tant, hélas, pour son attrait dans son état actuel qu’il ne mérite pas du tout mais plutôt pour sa valeur historique, et sa portée économique et sociale.
Partout dans le monde, le marché principal est l’un des points cardinaux d’une cité, au même titre que son principal lieu de culte ou le centre de son pouvoir politique et administratif. C’est la raison pour laquelle convergent vers lui usagers et visiteurs de passage. Il est notamment signalé par les guides touristiques comme le détour à ne pas rater. C’est la raison pour laquelle, à chacune de nos dernières visites, nous en avons croisés qui déambulaient (ou pataugeaient) dans ses dédales. Ils viennent là pour s’instruire de manière directe et pour ainsi dire exhaustive de l’état du pays : ressources, niveau de vie, goûts, comportement des gens, vendeurs et chalands confondus, etc. En un mot, c’est la vitrine qui reflète l’état d’une communauté. La nôtre est loin d’être brillante. Il faut en reconsidérer et l’organisation et le fonctionnement.
Et, pour commencer, la gestion de cet espace. Celle-ci, comme partout ailleurs, a été confiée à la municipalité. Soit. Mais celle-ci y exerce une fonction essentiellement administrative réglementant le cours quotidien de l’endroit. Elle n’est particulièrement intéressée ni par l’histoire, ni par l’esthétique et encore moins par l’animation. Or, tout cela et bien d’autres choses qui nous échappent présentement doit être intégré dans les préoccupations des gestionnaires, précisément parce que l’endroit est l’une des vitrines du pays.
Associer à la gestion de l’endroit les opérateurs sur place mais aussi les consommateurs ainsi que les acteurs du patrimoine.
Un exemple entre mille : avant sa rénovation, la halle aux poissons affichait sur un grand tableau noir les noms des diverses variétés de poisson que l’on pouvait trouver sur place en langues arabe et française. On se serait attendu à ce que, à sa réouverture en 2007, ce tableau fût enrichi par une troisième langue, l’anglais, évidemment. Et voilà qu’il a complètement disparu ! Et, avec le niveau d’instruction des marchands sur place, on ne voit pas comment le visiteur étranger pourrait s’y retrouver.
Depuis janvier 2011, le poste de police municipale installé dans l’enceinte du marché a disparu. Et avec lui, au grand soulagement de bien des usagers, certaines pratiques véreuses. Tant mieux. Mais cela ne dispense pas de la présence permanente dans cet espace de représentants d’un ordre public assaini
Et les toilettes publiques ? Rénovées, elles aussi, pour prendre la place d’installations insalubres et répugnantes, elles ont été fermées et les anciennes remises en service en l’état avant d’être fermées à leur tour !
Et l’animation pour promouvoir certains produits (événements, spectacles, dégustation, etc.) et garnir les étals inoccupés ?
Pour tout cela et pour bien d’autres choses, il faudrait associer à la gestion de l’endroit les opérateurs sur place mais aussi les consommateurs à travers leurs associations ainsi que les acteurs du patrimoine.
Ohé, à La Kasbah. Y’a quéq’un ?